Le point golri

La newsletter qui décrypte l'humour et lubrifie vos rapports sociaux.

image_author_null_Marie Guibourt & Sandra Colombo
Par Marie Guibourt & Sandra Colombo
10 oct. · 4 mn à lire
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Faites l’humour quand c’est dur…

En octobre, on affiche la couleur ! Pour Le point golri, c’est le rose qui s’impose. Octobre, c’est le mois de la sensibilisation au cancer du sein. L’occasion pour nous d’aborder l’importance du rire face à la maladie.

On y a consacré un chapitre de notre livre (vous a-t-on déjà parlé de l’indispensable « Faites l’humour dès le premier soir » paru chez First Éditions ? Non ? Faites-nous penser à vous en parler), mais c’est surtout une rencontre avec une femme super golri et hyper investie qui nous a donné envie de consacrer à ce sujet cette newsletter au format un peu exceptionnel.

Cette super nana, c’est Emmanuelle Hoche. On l’a trouvée tellement formidable qu’on vous livre l’intégralité de son interview, pour partager avec vous, cher.e.s lecteur.ice.s, son expérience d’aidante et de patiente. Dans le cadre de cet échange, elle a sollicité la Dr. Agathe Crouzet, chirurgien sénologue et gynécologue, pour lui demander son avis sur la place du rire dans la relation patient / soignant.

Octobre Rose qui rime avec Ose (aller te faire dépister ! )Octobre Rose qui rime avec Ose (aller te faire dépister ! )

Le point golri : Emmanuelle, tu as été confrontée plusieurs fois à la maladie, en tant qu’aidante de ta mère puis en tant que patiente toi-même. Tu nous as confié avoir beaucoup recouru à l’humour, dans un cas comme dans l’autre, et qu’il t’avait été d’une grande aide. Peux-tu nous en parler ?

Emmanuelle : Si cette maladie fait peur, n’ayons, a minima, pas peur des mots et nommons-là sans tabou : « cancer ». Car c’est bien de lui (voire d’eux) dont il s’agit.

En matière de cancers donc, c’est maman qui a ouvert le bal : 3 au total. Le mien a débarqué alors qu’elle était déjà en haut de l’affiche avec son 3ème volet.

Sans le savoir, elle m’a montré, non pas comment en avoir un, mais comment faire pour vivre avec. C’est là que l’humour entre mère et fille a joué un rôle considérable. Il a permis à la fois de mettre de la distance entre la maladie et nous, et de renforcer notre lien mère-fille. Il nous a aidées à partager des moments de complicité encore plus intenses.

La relation d’humour que j’avais avec maman était déjà très forte avant nos cancers respectifs. Notre expérience commune de cette maladie et de ses effets sur le corps, les capacités cognitives, le mental, nous a permis de nous comprendre encore mieux. C’est un peu comme si l’humour, posé sur chaque émotion, sensation ou situation en lien avec le cancer, permettait de la percevoir plus finement.

En quoi l’humour a-t-il aidé la patiente que tu as été ? 

Je ne voulais surtout pas que le cancer dirige ma vie. Objectivement, j’ai quand même trouvé mon Maître ; celui qui a réussi à me faire lever le pied sur le travail 😉.

Malgré tout, j’ai voulu continuer à vivre aussi normalement que possible tout en mettant toutes les chances de mon côté. J’ai fait 100% confiance aux équipes médicales. J’ai suivi scrupuleusement les protocoles de soins et appliqué tous les conseils qui m’étaient donnés (sans pour autant réduire mon débit naturel de c*nneries à la minute).

Je ne maîtrisais presque plus rien. Ça pouvait vite devenir déroutant. Alors, j’ai décidé d’agir sur ce sur quoi je pouvais agir : faire en sorte de garder le moral. Et parmi les leviers à ma disposition, l’humour était très clairement dans le top 3 !

L’auto-dérision m’a permis de ne pas me laisser envahir par toute la place que le cancer prend dans le quotidien quand il débarque sans prévenir et décide de poser ses valises.

L’humour que mon entourage s’autorisait à faire sur le cancer ou sur moi, a également joué un rôle essentiel. Il m’a permis de ressentir qu’on ne s’apitoyait pas sur mon sort, voire pire, sur moi.

Et comment l’humour a-t-il servi ou soutenu l’aidante que tu as été ? 

En tant qu’aidante, j’avais besoin de recharger les batteries, faire des pauses, continuer à passer de bons moments, même (et surtout) lorsque la situation était difficile. L’humour est un excellent exutoire. Qu’on le pratique ou qu’on le saisisse.

Alors tant que ça sortait, je le laissais s’exprimer : à l’oral, à l’écrit, en photos, en mimes, sans jamais me forcer, ni me limiter.

Ainsi, l’humour m’a aidée à soutenir maman, à l’aider à garder une vie autre que celle focalisée sur le cancer. Nous avions déjà cette force dans notre relation avant la maladie alors pourquoi changer ?

C'est de l'humour ou du cochon? C'est de l'humour ou du cochon?

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